Le ligament croisé antérieur (LCA) est situé au niveau de l’échancrure, c’est-à-dire au centre de votre genou.

Il est situé en avant du ligament croisé postérieur et ses fibres s’attachent sur le fémur et sur le tibia. Son rôle est de limiter l’avancée du tibia par rapport au fémur notamment dans les mouvements de translation et de rotation. Il assure donc en partie la stabilité de votre genou.

La conséquence potentielle d’une rupture du LCA est l’apparition d’une instabilité fonctionnelle. Elle se traduit par une sensation de « dérobement », de « lâchage » du genou. Elle survient généralement lors de la pratique sportive mais parfois aussi dans la vie quotidienne. Cette insécurité, cette instabilité peut dans certains cas être compensée par une rééducation proprioceptive permettant de verrouiller et contrôler son genou dans la plupart des situations.

Le fait de garder un genou instable peut entraîner lors d’un épisode de dérobement la constitution d’une lésion méniscale traumatique qui n’est pas sans conséquence pour l’avenir de votre genou.

Celle-ci devra si possible être réparée si la rupture s’y prête, en même temps que la ligamentoplastie.

A plus ou moins long terme, ces mouvements anormaux d’avancée du tibia peuvent aussi créer des lésions cartilagineuses avec un risque accru d’arthrose.

GÉNÉRALITÉS

FAUT-IL OPERER ?

L’indication de stabiliser votre genou par une ligamentoplastie, c’est à dire remplacer l’ancien ligament, dépend de nombreux facteurs.

L’instabilité fonctionnelle, en particulier dans la vie quotidienne, même après une rééducation bien conduite, est l’élément majeur qui poussera à proposer une ligamentoplastie même chez des sujets peu sportifs ou relativement âgé.

L’âge du patient, le niveau sportif et surtout le type de sport (pivot contact) pratiqués sont des éléments déterminants. Le risque d’entorses à répétitions avec aggravation des lésions est très élevé chez les sujets jeunes, pratiquant des sports contraignants pour le genou (football, ski, hand …..). Il est alors déconseillé de continuer la pratique de ces sports sans avoir stabilisé le genou en raison du risque de lésion méniscale ou cartilagineuse.

QUAND OPERER ?

Il n’y a jamais d’urgence à opérer une rupture isolée du ligament croisé antérieur.

L’intervention doit se faire sur un genou « refroidi », c'est-à-dire non douloureux et non inflammatoire ce qui permet de diminuer un certain nombre de complications (raideur, algodystrophie..) et donne de meilleurs résultats.

Un traitement fonctionnel est toujours débuté en premier lieu, et l'intervention chirurgicale si elle est décidée se fera donc à distance de l'entorse lorsque le genou est redevenu indolore, sec et mobile. Elle se fait donc en général 2 à 6 mois après le traumatisme.

De plus, ce laps de temps permet au patient de bien comprendre les avantages et les inconvénients des différents traitements et de pouvoir choisir ainsi en toute connaissance de cause le meilleur traitement.

Dans tous les cas, le plus important est d’avoir le temps nécessaire à consacrer aux suites de l’intervention si elle est décidée, en particulier pour les sujets exerçant une activité professionnelle.

INTERVERVENTIONS CHIRURGICALES

PREPARER L'INTERVENTION

L’anesthésie peut être localisée sur le genou ou les jambes (anesthésie locorégionale), soit le patient est endormi complètement (anesthésie générale).

Prévoyez un rendez-vous avec les Anesthésistes : Cette consultation est obligatoire. L’intervention sera reportée si la consultation n’a pas eu lieu au moins 3 jours avant l’hospitalisation sauf cas d’urgence.

Pour cette consultation, munissez-vous de votre carnet de santé, de votre traitement en cours, de l’ensemble de votre dossier médical.

PREVENEZ TOUT RIQUE D'INFECTION

Prévoyez une bonne préparation de la peau afin de limiter le risque d’infection.

Réalisez une épilation de la jambe depuis le haut de la cuisse type “maillot de bain” jusqu’aux orteils avec une crème épilatoire et non pas avec un rasoir afin d’éviter toute plaie qui pourrait constituer une source d’infection.

Les 3 derniers jours précédant l’hospitalisation prenez une douche matin et soir en utilisant de la BETADINE ROUGE comme savon antiseptique afin de diminuer la présence de microbe sur la peau.

Vérifiez l’absence de lésions cutanées qui pourraient faire reporter l’intervention. En cas de doute parlez en à votre médecin ou à l’infirmière qui vous accueillera lors de votre hospitalisation.

TECHNIQUES CHIRURGICALES

LIGAMENTOPLASTIE AU DIDT

PRINCIPES

Le remplacement du ligament croisé défectueux est réalisé par un néo ligament prélevé à partir de tendons musculaires appelés tendons de la patte d’oie. Ces tendons proviennent de deux muscles de la face postérieure de cuisse : le droit interne et le demi-tendineux (DIDT). Le but est de reconstruire le ligament de façon la plus anatomique possible.

PRÉLÈVEMENT

Par une courte incision de 2 à 3 cm à la face interne du tibia, ces deux tendons sont prélevés à l’aide d’un stripper, ils mesurent environ 20 à 25 cm. Ils sont ensuite suturés et tubulisés pour réaliser un nouveau ligament à quatre faisceaux très résistant d’un calibre de 8 à 10 mm et mesurant environ 10cm.

TEMPS INTRA-ARTICULAIRES - TUNNELS

L’intervention est ensuite menée sous arthroscopie pour la reconstruction intra-articulaire.

L’échancrure est préparée, débarrassée des reliquats cicatriciels afin de bien visualiser les zones d’insertion anatomique tibiale et fémorale du LCA. La zone d’insertion fémorale est palpée puis le tunnel fémoral est réalisé à l’aide de mèches spéciales guidées par une broche. Le tunnel tibial est ensuite foré au niveau de l’ancienne insertion du LCA à l’aide d’un viseur, une broche est placée puis la mèche fore le tunnel. Le transplant DIDT est alors monté à travers le tunnel tibial jusque dans le tunnel fémoral à l’aide d’un fil tracteur.

FIXATION

La fixation est assurée au fémur par deux broches résorbables transversales ou une fixation corticale et par une cheville et une vis résorbable au niveau du tibia, complétée parfois par une agrafe.

TECHNIQUE KENNETH-JONES

PRINCIPES

Le principe de cette technique est identique à celle du DIDT, c'est-à-dire reconstruire le ligament croisé de façon anatomique, seul le transplant diffère.

Le transplant utilisé est prélevé au dépend du tiers du tendon rotulien en emportant dans le même temps deux fragments osseux pris sur la rotule et le tibia.

PRELEVEMENT

L’incision est verticale, à la face antérieure du genou et mesure environ 8-10cm. Le tendon rotulien est ensuite isolé et une bandelette de 1 cm de large est prélevé verticalement avec à ses deux extrémités, une petite baguette osseuse de 20 mm environ. Le reste de tendon sera suturé, le péritendon refermé assurant ainsi la reconstitution d’un nouveau tendon rotulien

RECONSTRUCTION INTRA-ARTICULAIRE

L’intervention est menée ensuite sous arthroscopie de la même façon que pour le DIDT.

Deux tunnels sont forés dans le tibia et le fémur au niveau de la zone d’insertion naturelle du ligament croisé antérieur. Le transplant est ensuite passé dans ces tunnels.

La fixation est assuré là aussi au fémur par une vis ou un système transfixiant, et au niveau du tibia par une vis d’interférence. Ces vis fixent la baguette osseuse de façon solide dans les tunnels osseux.

RISQUES ET COMPLICATIONS

RISQUES ET COMPLICATIONS COMMUNS A TOUTES INTERVENTIONS

Toute intervention chirurgicale est sujette à un certain nombre de risques chirurgicaux et de complications précoces ou tardives. Nous aborderons ici certaines d’entre elles. Cette liste n’a pas pour but de vous effrayer, elle doit vous aider à prendre conscience que cette intervention est un acte sérieux qui peut parfois avoir de lourdes conséquences.

Cependant la survenue de ces complications est exceptionnelle, la fréquence de leur survenue dépend aussi du sérieux avec lequel vous vous y préparerez.

Quelque soit les précautions, certains accidents peuvent survenir : allergie, embolie, infection… Leur fréquence est extrêmement rare chez le sujet jeune et en bonne santé : compte tenu de votre âge, leur fréquence est comparable au risque que vous avez pris d'avoir un accident de voiture en venant en consultation, mais doit être signalé.

Cependant ce risque augmente avec le nombre et l’importance des maladies ou accidents présentés avant l’intervention. La prévention reste cependant le meilleur moyen de les éviter. Signalez tout antécédent familial ou personnel aux anesthésistes qui vous examineront avant l'intervention.

RISQUES PROPRE AU COUR DE CETTE INTERVENTION

En dépit des soins et de la prévention, il peut se produire au cours de l'opération prévue, dans des cas isolés, des incidents.

- la blessure de tissus voisins (muscles, tendons) ; la blessure de vaisseaux sanguins peut entraîner une hémorragie parfois importante.

- le traumatisme de nerfs superficiels peut entraîner une baisse de la sensibilité d’une zone cutanée. Cette sensibilité revient spontanément en quelques semaines mais il peut persister une cicatrice du nerf abîmé qui pourrait être douloureuse au contact.

- Le bris de matériel peut exceptionnellement survenir et laisser en place un fragment métallique qui pourrait faire l’objet d’une reprise secondaire.

Malgré le bilan préopératoire, certaines découvertes durant l’intervention peuvent justifier de la part de votre chirurgien une modification du plan établi initialement et une adaptation du geste chirurgical.

  • Une infection du site opératoire

Elle peut se produire malgré la prévention systématique. Ce risque est accentué par une fatigue générale ou une maladie intercurrente. Une mauvaise hygiène n’est pas simplement compensée par une douche la veille de l’opération.

  • Une phlébite

Elle peut survenir malgré une prévention systématique par anti-coagulants. Ces phlébites une fois constituées peuvent laisser des séquelles douloureuses durables mais également se compliquer d’embolie pulmonaire. La marche et la poursuite du traitement anti-coagulant efficace après l’intervention jusqu’à l’abandon des cannes sont le plus souvent les meilleurs moyens d’éviter ces complications.

  • Un hématome

L’hématome se limite le plus souvent à une petite tuméfaction autour des orifices de pénétration ou sur la zone de prélèvement des tendons. Elle peut parfois diffuser et provoquer une ecchymose qui peut s’étendre sous la peau comme un gros « bleu ».
Mais parfois un saignement un peu plus important peut, durant la première nuit, continuer à remplir l’articulation qui gonfle et provoque des douleurs à cause de la mise en tension. Une ponction pourra être nécessaire voire une reprise chirurgicale pour lavage afin de vous soulager rapidement.

  • Phlébite

Le ralentissement circulatoire secondaire à la décharge, l’intervention ou la présence d’hématome provoque une agrégation des cellules dans les veines avec un risque de constitution de caillots. Ces caillots une fois constitués peuvent :
- boucher les veines et provoquer une phlébite
- se détacher et migrer et constituer une embolie

Les anticoagulants prescrits de manière préventive diminuent ce risque mais ne le suppriment pas complètement.
Les séquelles de ces complications sont variables depuis des douleurs durables dans les mollets jusqu’à la complication mortelle en cas d’embolie massive.

  • Raideur

Une contracture réflexes des muscles de la cuisse gène la récupération de la mobilité dans les suites de l’intervention. L’appréhension et la douleur augmentent cette restriction du mouvement.

Une cicatrisation anarchique peut créer des adhérences ou un butoir qui empêcheront le retour à une amplitude complète du mouvement et nécessiter soir une ré-intervention soit une rééducation plus longue voire en centre de rééducation

  • Un épanchement

- soit par saignement prolongé dans le genou
- soit par hydarthrose (liquide clair)


cet épanchement peut créer ou entretenir une réaction inflammatoire dans le genou qui peut empêcher la colonisation de la greffe indispensable pour obtenir la consolidation

LA REEDUCATION

GENERALITES

L’hospitalisation dure en moyenne 48 heures.

Une rééducation sera entreprise dès le lendemain de l’intervention pour vous aider à retrouver le contrôle de votre genou nécessaire avant la sortie.

La rééducation après ligamentoplastie est débutée immédiatement. Les techniques arthroscopiques ont permis de la rendre plus facile car l’ouverture large de l’articulation est ainsi évitée.

Même si les suites opératoires peuvent apparaîtrent extrêmement rapides et simples, il faut bien respecter les consignes afin de ne pas hypersolliciter le transplant et éviter toute situation à risque dans les premières semaines.

PHASE 1: DE LA SORTIE A LA 1ER SEMAINE

La rééducation se fait dans un cabinet de kinésithérapie de ville ou dans un centre en externe, c’est une rééducation douce.

Elle consiste à entretenir les mobilités de façon progressive sans dépasser 100° de flexion. Il faut s’assurer que l’extension est complète. Aucun travail avec des poids est autorisé. Le quadriceps doit toujours être fait en chaîne fermée associant des contractions rapides dites « flash » et des contractions longues.

Le genou doit être glacé après chaque séance.

La marche se fait en appui contact avec deux cannes et l’orthèse. A partir de trente jours, l’appui est autorisé de façon complète mais toujours avec l’attelle.

PHASE 2: DE LA 6EME SEMAINE AU 3EME MOIS

L’objectif est de gagner en amplitude articulaire en flexion jusqu’à 130°-140° et de veiller à bien conserver l’extension.

Le renfort des ischio-jambiers en statique et en excentrique et en concentrique peut être pratiqué.

Le quadriceps est renforcé en chaine fermé et en co-contraction quadriceps ischio-jambiers.

Travail proprioceptif en décharge et en charge, par des manœuvres de déséquilibre du bassin et sur plateau de Freeman.

Sur le plan sportif, exercices au Stepper progressifs, exercices à la presse en bipodal, vélo d’appartement

PHASE 3: DU 4EME AU 6EME MOIS

Préparation de la reprise sportive, poursuite de la musculation, le vélo, le footing en ligne et la natation sont autorisés.

REPRISE DU SPORT
  • 3ème mois: seuls les sports en ligne sont autorisés: vélo, natation sans brasse, footing
  • 6ème mois: sport avec pivot sans contact, loisir: tennis, ski….
  • 7-8ème mois: sport en compétition, sport pivot contact, collectif: foot, hand, judo….

Spécificités

AbordAthroscopie
Durée du geste45 mn (approximatif)
PositionDécubitus Dorsal
ChirurgienDocteur Lorton
Infirmière aide opératoireMélanie Matthey

Cabinet médical

Adresse42 Boulevard Henry Bazin
Ville21300 Chenôve
Téléphone03.80.40.08.28
Emaildocteur.lorton@orange.fr

Horaires de consultations

Mardi9:00 - 12:00 -- 14:00 - 17:30
Jeudi9:00 - 12:00 -- 14:00 - 17:30
Vendredi 8:30 - 12:00